17-08-2023 · Vision

Appel à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins

Robeco soutient les appels à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins sur la base d’un dialogue avec les entreprises impliquées jusqu’à ce que l’on connaisse la totalité des risques et des opportunités.

    Auteurs

  • Lucian Peppelenbos - Stratégiste Climat & Biodiversité

    Lucian Peppelenbos

    Stratégiste Climat & Biodiversité

  • Sylvia  van Waveren - Engagement Specialist

    Sylvia van Waveren

    Engagement Specialist

Cet appel fait suite à une lettre collective adressée par 36 établissements financiers, dont Robeco, à l’Autorité internationale des fonds marins (ISA) lui demandant de reporter l’attribution de permis de dragage des fonds marins à la recherche de minéraux précieux. Cette déclaration adressée par les établissements financiers mondiaux aux gouvernements sur l’exploitation minière des fonds marins (« Global Financial Institutions Statement to Governments on Deep Seabed Mining ») souligne que cette pratique comporte des risques environnementaux, sociaux et économiques qui ne sont pas encore pleinement connus.

Robeco détient des parts dans quelques entreprises qui pourraient devenir indirectement parties prenantes de l’exploitation minière des fonds marins en fournissant leurs services ou en finançant les exploitants miniers spécialisés (directs). Robeco propose d’entamer le dialogue avec deux de ses principales positions. L’exclusion de ces entreprises de nos portefeuilles n’est pas envisagée tant que l’ensemble des faits ne sont connus.

L’exploitation minière des fonds marins recherche des minerais précieux qui sont rares à la surface de la Terre, dont l’argent, le cuivre, le zinc, le manganèse et même les diamants. L’un des minéraux tout particulièrement recherché est le cobalt qui est utilisé dans les batteries des véhicules électriques et dont l’offre est limitée sur Terre. Le cobalt et le cuivre sont considérés essentiels à la transition verte.

Dépôts de minerais précieux

Les sites d’exploitations minière sont principalement situés près des évents hydrothermaux de volcans sous-marins éteints de 1 400 à 3 700 mètres en dessous du niveau de la mer. Ces évents contiennent d’importants dépôts de sulfure de métaux précieux qui peuvent être dragués des fonds marins par des bateaux à la surface.

Ces dépôts sont ramenés à la surface par des pompes hydrauliques et des bennes. Leur déterrement à l’aide de machines à longue portée peut détruire les habitats des fonds marins, entraînant la perte d’espèces dont un grand nombre n’existe nulle part ailleurs et la fragmentation ou la perte de la structure et de la fonction des écosystèmes. Cette activité représente également un risque de pollution important, tant dans l’océan qu’à la surface.

L’exploitation minière des fonds marins peut également perturber des millions de tonnes de sédiments de fonds marins chaque année, en libérant du carbone qui s’est accumulé durant des millions d’années durant le cycle du carbone océanique. En tant que signataires de l’initiative Finance for Biodiversity Pledge, les établissements financiers appelant à un moratoire s’engagent tous à contribuer à la protection et à la restauration de la biodiversité et des écosystèmes par le biais de leurs activités d’investissement et de financement.

Une préoccupation générale

« Parmi la communauté scientifique, il y a une préoccupation générale concernant l’exploitation minière des fonds marins et leur impact potentiellement irréversible sur les écosystèmes des fonds marins, » souligne Lucian Peppelenbos, stratégiste en climat et biodiversité chez Robeco. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’accepter ce risque de manière aveugle car l’océan est le plus grand puits de carbone dont nous disposons. »

« Dans un même temps, nous pourrions avoir besoin des métaux des fonds marins car l’exploitation minière à la surface atteint ses limites. L’exploitation minière des fonds marins pourrait fournir les minéraux nécessaires à la transition vers le concept de « net zéro », même si nous nous interrogeons toujours sur cela. »

« En tant que signataire de l’initiative Finance for Biodiversity Pledge, nous encourageons le principe de précaution face à ce dilemme. Il est évident que nous aurons besoin de solides innovations et d’explorer des territoires inconnues afin de parvenir à une économie « net zéro ». Mais nous ne pouvons pas exploiter cet actif naturel massif sans une compréhension exhaustive des risques et sans leur gestion efficace. »

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Cette activité est-elle économiquement viable ?

Hormis les risques environnementaux et les risques réglementaires et de réputation qui en découlent pour toute institution investissant dans un exploitant minier engagé dans cette pratique, il n’est pas certain que l’exploitation minière des fonds marins soit viable sur le plan économique.

« Il n’existe pas (encore) de science ni de réglementation établie sur l’exploitation des ressources des fonds marins, » indique Sylvia van Waveren, spécialiste en engagement chez Robeco. « Par ailleurs, il n'existe pas de technologie établie et il faut encore la développer pour la rendre modulable. Pour le moment, seuls des projets pilotes sont en cours. »

« Même si nous sommes peu exposés à ce secteur, nous sommes d’avis que les activités d’investissement dans l’exploitation minière en eau profonde peuvent exposer les établissements financiers à des risques politiques, réglementaires et de réputation significatifs. Nous préférons ainsi que l’exploitation des fonds marins débute lorsque les risques et opportunités environnementaux, sociaux et économiques seront pleinement compris. »