À l’aide des données provenant du classement de la durabilité des pays (CSR, « Country Sustainability Ranking »), qui analyse les caractéristiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) de 150 nations, le rapport montre que de nombreux pays n’étaient pas préparés lorsque la crise a atteint une envergure mondiale en mars.
Deux fois par an, le CSR note les pays sur la base de divers indicateurs, tels que l’accès aux soins et la qualité de la gouvernance, ces deux critères ayant été mis en lumière lorsque les pays ont imposé des mesures de confinement pour endiguer la propagation du virus.
« Le coronavirus bouleverse de nombreux pays jusque dans leurs fondements, avec des conséquences dévastatrices », écrit Max Schieler dans le rapport spécial intitulé Covid-19 et ESG : repérer les failles avant le séisme. « Mais la plupart des faiblesses structurelles aggravées par la crise étaient déjà visibles dans les données relatives à la performance ESG de ces pays.
Un examen plus approfondi révèle une corrélation frappante entre les scores ESG et l’efficacité dans la gestion de la crise. Étonnamment, des scores élevés pour le système de santé n’ont pas été un indicateur satisfaisant de la capacité réelle d’un pays à faire face à la situation, preuve qu’il n’existe pas d’indicateurs magiques ayant un pouvoir prédictif complet. Les données doivent être analysées dans leur globalité et de manière exhaustive pour que des tendances se dégagent et que leurs véritables origines soient identifiées. »
Des réussites et des échecs surprenants
« Il existe néanmoins une forte corrélation entre les indicateurs institutionnels et de gouvernance d’un pays et sa capacité à faire face à la crise. Ces indicateurs permettent d’expliquer les réussites et les échecs surprenants de nombreux pays dans leur lutte contre le Covid-19.
Mais il ne faut pas confondre gouvernance rigoureuse et gouvernance absolue : les régimes autoritaires n’ont pas mieux réussi que les démocraties occidentales à combattre et contrôler la propagation et les répercussions du coronavirus », analyse-t-il.
Les États-Unis, l’Italie et l’Espagne paient le plus lourd tribut, tandis que le nombre de victimes est le plus faible en Corée du Sud, au Japon et à Singapour. La Chine, où la crise a commencé à Wuhan en février, est finalement parvenue à contrôler la situation après avoir imposé des mesures strictes de confinement et de quarantaine, reprises ensuite dans le monde entier.
Le rapport fournit une première indication des pays ayant le mieux géré la crise. Les pays les plus sûrs en matière de contagion sont l’Allemagne, la Corée du Sud et Israël, tandis que les États-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni sont les pays les plus risqués. L’Italie a été le premier pays à dépasser la Chine en nombre de décès, avant que les États-Unis ne battent ce triste record, avec un nombre de victimes ayant dépassé les 50 000 le 28 avril.

Pays les plus sûrs et les plus risqués. Source : Deep Knowledge Group.
Mauvais score des États-Unis
En tant que démocratie riche dotée d’un système de santé moderne, les États-Unis devraient en principe afficher un score ESG élevé, mais ce n’est pas le cas, et cela n’est pas non plus surprenant.
« Contrairement à d’autres pays, l’administration Trump a non seulement échoué à prendre des mesures rapides, mais elle a également fait obstacle en adoptant une position de déni et de mépris des preuves scientifiques, tout en rejetant les premières alertes de responsables de la santé et d’autres experts.
Les attaques récurrentes de Donald Trump à l’encontre des institutions nationales et internationales depuis sa prise de pouvoir se reflètent déjà dans la baisse des scores obtenus par les États-Unis sur plusieurs indicateurs de gouvernance. »
Le CSR est essentiellement utilisé par les investisseurs pour examiner les risques de durabilité que la note de crédit ou les credit default swaps (CDS) d’un pays ne reflètent pas forcément. Il s’agit donc d’un élément précieux pour décider d’acheter ou non des obligations d’État. Le CSR fournit également une analyse top-down pour les décisions d’investissement dans les actions ou les obligations d’entreprises qui opèrent dans chaque pays.
Conséquences pour les investisseurs
« Pour les investisseurs, les implications sont claires : si les données ESG peuvent fournir des informations sur une pandémie mondiale, elles peuvent également constituer un outil puissant pour comprendre et limiter le risque géopolitique et le risque pays dans un portefeuille d’investissement, explique Max Schieler.
Et comme l’ont largement démontré les récents événements cette année (et l’année passée), les risques sociétaux et géopolitiques peuvent être considérables et destructeurs tant pour les pays que pour les entreprises et les portefeuilles. »
« Il a fallu une crise d’une ampleur phénoménale pour que le monde prenne conscience de ce qui était déjà partiellement visible dans les données ESG des pays. Il nous reste à espérer que, si la portée et l’intensité du premier séisme et de ses répliques nous laissent profondément blessés, elles nous sensibilisent aussi aux premiers signaux d’alerte qui peuvent permettre d’éviter de prendre de tels risques dans le futur. Une avancée qui serait précieuse pour les citoyens, les pays et les investisseurs. »
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