20-12-2017 · Vision

Réalité ou fiction : l'investissement durable suppose de sacrifier la performance

L'investissement durable fait davantage l'objet d’idées reçues que les autres styles d'investissement. Le premier d'entre eux étant peut-être l'idée selon laquelle il faudrait sacrifier la performance : renoncer à la rentabilité dans la quête d'un idéal supposé.

    Auteurs

  • Masja Zandbergen-Albers - Head of Sustainability Integration

    Masja Zandbergen-Albers

    Head of Sustainability Integration

D’où vient donc ce mythe de la moindre performance ? En partie du fait que dans certains cas, opter pour la durabilité nécessite un investissement, car sa mise en œuvre coûte de l’argent. Les sociétés énergétiques qui se rééquipent pour se concentrer sur les énergies renouvelables doivent en effet investir des millions dans de nouvelles infrastructures. Acheter des produits auprès de fournisseurs qui paient correctement leurs employés augmente les coûts. De façon moins tangible, une entreprise peu diversifiée au niveau de ses équipes devra peut-être payer des prestataires (consultants en recrutement par exemple), ce qui augmentera les coûts et réduira ses performances à court terme.

En théorie, tout cela devrait signifier que les entreprises qui prennent la durabilité au sérieux sous-performent nettement. En réalité, c’est pourtant le contraire qui se produit : la mise en œuvre des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) par les entreprises et les investisseurs peut améliorer les performances. En premier lieu parce qu’il est possible de réduire les risques, dans la mesure où les normes ESG sont plus strictes en matière de lutte contre le changement climatique ou contre les comportements inappropriés des entreprises.

La matérialité financière est essentielle

Cette possibilité de créer – et non détruire – de la valeur a été démontrée dans une étude intitulée « From the Stockholder to the Stakeholder: How Sustainability Can Drive Financial Outperformance », publiée en 2015 par l’université d’Oxford et Arabesque Partners1. Les auteurs ont consulté plus de 200 sources, notamment des travaux universitaires, des rapports industriels, des articles de presse et des ouvrages, avant de conclure que « 80 % des études examinées montrent que les pratiques de durabilité prudentes ont une influence positive sur la rentabilité des investissements. »

Améliorer la prise de décision en tenant compte des critères ESG consiste à adopter une perspective d’investissement et à analyser les questions financièrement importantes uniquement – c’est-à-dire, aller au cœur de chaque activité. Autrement dit, l’accent doit être placé sur la recherche des problématiques ESG qui ont une incidence financière directe sur les résultats d’une entreprise à long terme et, par conséquent, sur la rentabilité des investissements. Pour un fournisseur de gaz ou d’électricité, il pourra s’agir de questions liées à l’efficacité énergétique de ses activités et à sa stratégie de transition énergétique. Pour une banque, il pourra s’agir de la gouvernance, la culture de gestion des risques et la maîtrise des produits.

Priorité aux questions ESG réellement importantes

Des études montrent que tous ces éléments font vraiment la différence : en 2015, la Harvard Business School a pour la première fois démontré l’incidence directe des performances et des efforts de communication en matière d’ESG sur l’évolution des cours de Bourse. Son article intitulé « Corporate Sustainability: First Evidence on Materiality » montre clairement que les avantages financiers du développement durable se répercutent sur la valorisation des actifs.1

En outre, l’adoption des critères ESG peut créer de nouvelles opportunités ou réduire les risques. Par exemple, l’adoption de la voiture électrique s’est traduite par des opportunités d’investissement pour les fabricants de voitures et leurs fournisseurs, notamment dans le domaine des nouveaux matériaux intelligents tels que le lithium utilisé dans les batteries. Quant au rôle des critères ESG dans la réduction des risques, il est visible dans la façon dont il a mis au jour les potentiels problèmes d’approvisionnement dans les secteurs qui recourent à une main-d’œuvre bon marché (mode et distribution par exemple). 2

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Des rendements plus élevés

Cela permet aux investisseurs de séparer le bon grain de l’ivraie dans leurs décisions d’achat d’actions ou d’obligations, selon une approche « best-in-class ».

Des travaux de plus en plus nombreux permettent de conclure que les sociétés qui évoluent progressivement vers la durabilité aujourd’hui en seront récompensées demain – ce qui pourrait même sauver leur activité. Les groupes pétroliers, par exemple, modifient progressivement leurs modèles d’affaires, afin de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables, tandis que les constructeurs automobiles passent aux voitures électriques et que les distributeurs se fournissent auprès de sociétés qui respectent les droits de l'homme.

Changer de business model

Si des quotas de carbone devaient être mis en place, les entreprises qui réduisent d’ores et déjà leur empreinte carbone seraient les mieux placées pour intégrer les nouveaux régimes réglementaires ou gouvernementaux à l’avenir. Cette question est déjà d’actualité pour les sociétés immobilières et presque tous les fournisseurs de services aux collectivités. Dans le même temps, les gains de productivité réalisés aujourd’hui permettront de réduire les coûts et d’accroître les profits.

Pour résumer, la prise en compte des questions de durabilité permet de prendre des décisions d’investissement plus éclairées et génère de meilleurs rendements à long terme. C’est la raison pour laquelle Robeco reste convaincu que cela fonctionne et que nous avons intégré l’analyse ESG dans son processus d’investissement en obligations et en actions fondamentales et quantitatives.