L’investissement durable

Sin stocks

Il s’agit des actions d’entreprises présentes dans des secteurs considérés comme non éthiques : alcool, tabac, jeux d'argent, divertissements pour adultes et armement.

Les investisseurs éthiques souhaitent généralement exclure ces « sin stocks » ou valeurs du vice, car ils estiment que ces entreprises s’enrichissent en exploitant les faiblesses et les vices de l’humanité. Pourtant, ce concept est relatif : toutes les cultures ne définissent pas le vice de la même manière. Alors que l’alcool est souvent considéré comme un secteur à éviter, les brasseries ou les grands domaines viticoles peuvent renvoyer une image de tradition et de noblesse. De même, alors que certains refusent d’investir dans les fabricants d’armes pour des motifs moraux, d’autres estiment que servir dans l’armée est un acte de patriotisme.

Générer des performances qui profiteront à tous

De nombreuses études montrent que les « sin stocks » affichent généralement des rendements supérieurs aux autres. Il existe plusieurs raisons à ce phénomène. D’une part, les « sin stocks » sont sous-valorisées puisque beaucoup d’investisseurs les évitent. D’autre part, ces entreprises sont confrontées à un risque réglementaire ou réputationnel élevé, donc les investisseurs exigent une prime de risque.

David Blitz, responsable de la recherche quantitative chez Robeco, et Frank Fabozzi, professeur de finance à l’EDHEC Business School, ont récemment avancé une autre explication dans leur article intitulé Sin Stocks Revisited: Resolving the Sin Stock Anomaly (Un nouveau regard sur les « sin stocks » : comprendre l’anomalie de valorisation), publié dans le Journal of Portfolio Management. Ils démontrent que la surperformance des « sin stocks » peut s’expliquer par deux facteurs de Fama-French : la rentabilité et l’investissement. Le premier veut que les actions à rentabilité opérationnelle élevée surperforment, tandis que le second affirme que les sociétés dont l’actif total augmente rapidement s’en tirent moins bien. Les « sin stocks » sont souvent très exposées aux deux facteurs. Les cigarettiers, par exemple, bénéficient de marges importantes en raison de la faible élasticité des prix, tandis que la croissance de leurs actifs est limitée.