10-09-2019 · Vision

Les salaires équitables sont un aspect important du développement durable

Le développement durable ne concerne pas que le changement climatique : il s’agit aussi de protéger le tissu social de nos sociétés. Ce qui signifie que les entreprises ne devraient pas se contenter de verser un salaire minimum légal, mais adopter le concept de salaire équitable, affirme le professeur Daniel Whitehead-Vaughan.

Investir durablement suppose d’examiner les politiques des entreprises dans les domaines environnemental, social et de gouvernance (ESG). Depuis quelques années, l’accent est surtout placé sur l’environnement, à cause du réchauffement climatique, et sur la gouvernance, car les investisseurs exigent une gouvernance plus durable dans les entreprises et les pays.

En revanche, l’aspect social est délaissé, en particulier les conséquences sociales des bas salaires, constate le professeur Whitehead-Vaughan, fondateur et coprésident de Fair Wage Network, une organisation à but non lucratif visant à partager, harmoniser et promouvoir les recherches, méthodologies et bonnes pratiques en matière de salaires. Basé à Genève, ce groupe fournit également des services de conseil direct aux entreprises et à leurs chaînes d’approvisionnement dans le monde entier.

Les besoins élémentaires des employés

« Le salaire équitable est celui qui couvre le coût réel des besoins élémentaires de l’employé tout en respectant les contraintes économiques de l’employeur », explique le professeur Whitehead-Vaughan, invité à contribuer au Yearbook 2019 de RobecoSAM. « Pour de nombreuses industries, cela suppose non seulement d’évaluer leurs propres pratiques salariales mais aussi de défendre le "salaire équitable" et d’être une référence pour les entreprises de la chaîne d’approvisionnement. »

À l’aide d’études de cas, il explique que le salaire équitable a un effet bénéfique sur le bien-être des employés ; il améliore aussi les profits de l’entreprise et aide des partenaires de la chaîne logistique à générer de meilleurs résultats. Les investisseurs peuvent également contribuer en tant qu’investisseurs actifs, ajoute-t-il.

« Préoccupés par la protection des ressources naturelles de la planète mais aussi de ses ressources humaines, les investisseurs devraient pousser les entreprises mondiales à être plus responsables, plus transparentes et plus actives en matière de rémunération et de salaire équitable pour les employés et leurs familles. »

Des statistiques étonnantes

Daniel Whitehead-Vaughan présente des « statistiques étonnantes » pour étayer ses propos. En effet, le nombre de personnes ayant un « emploi précaire » (emploi sans contrat de travail formel, peu rémunérateur ou pénible) atteint le chiffre incroyable de 42 % de la population active mondiale, soit 1,4 milliard de personnes, un chiffre qui augmente de 11 millions par an.

La moitié sont des « travailleurs pauvres » (définis comme ceux qui gagnent moins de 3,10 dollars par jour en parité de pouvoir d’achat), qui vivent essentiellement dans les pays émergents et en développement. Le salaire minimum légal a amélioré la situation dans certains pays, mais il existe toujours un écart avec le coût réel de la vie, précise-t-il.

« Le principal problème est que le [salaire minimum] n’est pas systématiquement aligné sur le niveau du salaire vital : il résulte plutôt d’un compromis politique entre les gouvernements, les syndicats et les organisations patronales, sur la base des "considérations économiques et sociales" du moment ».

Réduire le déséquilibre

« Par conséquent, le salaire minimum est souvent bien inférieur au salaire vital. La différence entre ce que les travailleurs gagnent et le montant dont ils ont réellement besoin pour couvrir les besoins élémentaires de leur foyer est considérable. Et sans surprise, cet écart est plus important dans les régions où les institutions du marché du travail font défaut, en premier lieu l’Afrique, le Moyen-Orient et la Russie. »

Pour réduire ce déséquilibre, le Fair Wage Network a créé une méthode pour déterminer quel devrait être le salaire équitable. « Des seuils transparents et des indicateurs standardisés peuvent être définis et utilisés pour comparer les salaires dans les entreprises, par exemple dans une même chaîne d’approvisionnement, explique Daniel Whitehead-Vaughan. D’autres groupes qui œuvrent à l’amélioration et à l’égalité des salaires dans le monde reconnaissent qu’il est important d’avoir des normes communes et d’harmoniser les méthodes et les outils d’analyse. »

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