La stratégie RobecoSAM Climate Global Bonds permet aux investisseurs d'accéder aux marchés obligataires mondiaux tout en participant activement à la transition vers une économie bas carbone alignée sur l'Accord de Paris. Cette stratégie obligataire mondiale étant la première du genre, il n'existait pas d'indice de référence approprié au moment de son lancement. Robeco a par conséquent contribué à la création d'un nouvel indice de référence aligné sur l'Accord de Paris. La prochaine étape consiste à élargir le champ d'application de cet indice, afin d'intégrer une part encore plus importante de l'ensemble du marché obligataire mondial. C'est pourquoi nous formulons un certain nombre de recommandations à cet égard, notamment des solutions rapides pour étendre la couverture du marché, ainsi que des recommandations qui produiraient des résultats à plus long terme1.
Se donner les moyens de réussir la décarbonation
Pour que les investisseurs puissent réaliser leurs ambitions en matière de lutte contre le réchauffement climatique, un changement structurel des fonds d'investissement et des indices de référence s'impose. Ce processus est déjà bien engagé et comprend des initiatives importantes telles que le règlement de l'UE sur les indices de référence, qui définit les caractéristiques d'un indice de référence aligné sur l'Accord de Paris. Néanmoins, fait important, la réglementation ne concerne que les obligations d'entreprise et ne contient aucune ligne directrice ni exigence quant aux obligations souveraines. Par conséquent, en coopération avec Solactive, Robeco a créé en 2020 un indice de référence aligné sur l'Accord de Paris2 qui s'applique à l'investissement obligataire mondial. La performance et l'intensité carbone de la stratégie Robeco Climate Global Bond, lancée en décembre 2020, sont ainsi mesurées par rapport à cet indice.
L'univers investissable actuel pour les investisseurs obligataires soucieux du climat
Cet indice de référence novateur a permis à l'investissement obligataire mondial respectueux du climat de passer du statut d'activité pionnière à celui de courant institutionnel incontournable. L'indice aligné sur l'Accord de Paris, Solactive Climate Global Aggregate Bond, reflète les émissions de CO2 des secteurs publics (bons du Trésor) et privés de l'univers traditionnel des obligations mondiales. Il couvre par conséquent la majorité – environ 72 % – de l'ensemble de l'univers obligataire classique.
Il reste maintenant à trouver des moyens de couvrir dans une perspective climatique les 28 % restants de l'univers total, soit l'équivalent de 18 000 milliards de dollars de titres.
Relever les défis liés à la fiabilité et à la disponibilité des données
Il existe deux sources de données pour l'indice de référence aligné sur l'Accord de Paris. Dans le cas des obligations d'entreprise, les données de l'ISS pour les émissions de Scope 1, 2 et 3 sont utilisées. En ce qui concerne les pays, les données relatives aux émissions de CO2 (en tonnes métriques par habitant) sont tirées de la base de données EDGAR de la Commission européenne.
Nous reconnaissons certaines lacunes dans les données. Par exemple, les données climatiques sont généralement rétrospectives, la plupart datant d'environ deux ans. Par ailleurs, la disponibilité limitée des données dans certains secteurs, les différences de modélisation et de méthodologie entre les différents fournisseurs, et le manque de visibilité du risque carbone en raison des structures financières sont également à prendre en considération. Toutefois, ces écueils ne doivent en aucun cas nous dissuader de continuer à optimiser nos solutions climatiques. En outre, nous pensons que bon nombre de ces questions peuvent être résolues par de bonnes recherches.
Avec l'intérêt croissant pour l'investissement climatique, le secteur de la gestion d'actifs devrait selon nous soutenir les efforts visant à améliorer la disponibilité des données sur les émissions, les scores et les techniques de mesure.
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Nouvelles étapes pour optimiser la couverture de l'indice respectueux du climat
Nous faisons quatre recommandations pour contribuer à faire évoluer l’indice de référence obligataire mondial aligné sur l'Accord de Paris.
Certains secteurs peuvent, compte tenu de la disponibilité des données, déjà être inclus dans les indices de référence respectueux du climat
Notre analyse suggère que le simple fait d'élargir l'indice permet d'obtenir rapidement des résultats. Un examen attentif des données disponibles pour les émetteurs mondiaux représentés dans les bases de données d'émissions de l'Institutional Shareholder Services (ISS) et de l'Emissions Database for Global Atmospheric Research (EDGAR) de l'UE montre que certains secteurs liés à l'État disposent déjà de données sur les émissions et pourraient donc être inclus dans l'indice. Cette expansion ajouterait selon nous quelque 6 000 milliards de dollars de titres à l'univers investissable.Les associations professionnelles pourraient encourager une plus grande transparence en matière de reporting
Après ces inclusions proposées, environ 18 % de l'univers obligataire mondial traditionnel, soit environ 12 000 milliards de dollars de titres, ne disposent toujours pas de données standard sur l'empreinte carbone du secteur. Ce segment est constitué des émetteurs de produits titrisés (13 %) et des émetteurs adossés à l'État (5 %) qui ne sont pas concernés par l'élargissement décrit ci-dessus. Il semble qu'il y ait encore des progrès à faire en matière de données au niveau marché obligataire pour combler ces lacunes.
Par exemple, dans le secteur des collectivités locales, qui représente environ 2,9 % de l'indice global, un certain nombre de villes, régions et émetteurs provinciaux disposent de données sur les émissions, mais celles-ci sont fournies par des bases de données de pays ou d'organismes différents. Ces bases de données présentent aussi deux inconvénients notables : la plupart des informations datent d'il y a deux ou trois ans, et il n'est pas certain que la méthodologie utilisée soit conforme au système de classification du GIEC des Nations unies. Tant qu'il n'y aura pas de données plus fiables et davantage de transparence en matière d'émissions de la part de ces émetteurs, ces segments du marché ne devraient pas, selon nous, être inclus dans un indice aligné sur l'Accord de Paris.
Il est toutefois encourageant de constater que les recherches menées par les agences de notation mettent de plus en plus l'accent sur les risques climatiques. Cette tendance se reflète, entre autres, dans certaines études thématiques telles que la publication des modèles de risque climatique de S&P pour des classes d'actifs comme les CMBS (titres adossées à des crédits hypothécaires commerciaux), afin de limiter le risque climatique.Les associations professionnelles pourraient encourager une plus grande transparence en matière de reporting
Plusieurs associations professionnelle et sectorielles proposent déjà des méthodologies et des cadres pour la publication des données. Le manuel de l'International Capital Market Association (ICMA), intitulé « Harmonized framework for impact reporting », recommande des paramètres de reporting pour les bâtiments. Ceux-ci n'incluent toutefois pas actuellement l'intensité carbone. Bien qu'il existe des scores pour de nombreux produits financiers structurés qui utilisent les données de l'ISS pour les banques et institutions financières, davantage d'efforts sont nécessaires pour créer plus de transparence et refléter l'émission de carbone des actifs sous-jacents des obligations sécurisées. En l'absence de transparence en matière d'empreinte carbone au niveau des actifs, il serait erroné d'utiliser les scores des banques.Les institutions financières pourraient intégrer des contraintes plus normalisées en matière de comptabilité et de données carbone
Le fait que les banques ont de plus en plus tendance à mesurer l'intensité carbone de leurs portefeuilles de prêts devrait selon nous donner lieu dans le futur à plus de transparence quant à ces données. Certains gérants d'actifs européens utilisent la méthodologie de la Platform for Carbon Accounting Financials (PCAF) pour calculer l'émission carbone de leurs portefeuilles de prêts hypothécaires, d'investissements immobiliers commerciaux et de prêts automobiles. Étant donné les difficultés d’accès aux données dans certains pays, la méthodologie fournit néanmoins un cadre pour les estimations et pour encourager des mesures supplémentaires pour obtenir des données.
À mesure que les propriétaires d'actifs seront de plus en plus nombreux à l'échelle mondiale à utiliser des méthodologies et des normes en matière de publication d'informations similaires, comme le PCAF, la fiabilité des données s'améliorera, mais le processus prendra du temps. Il y aura selon nous un besoin croissant d'analyses supplémentaires des données climatiques, surtout maintenant que les investisseurs font l'objet d'une surveillance accrue pour amener le secteur financier à contribuer à la limitation du réchauffement climatique et à la réalisation des objectifs « zéro émission nette ».
Notes de bas de page
1Cet article est une version abrégée d'un article intitulé « Enhancing the Paris-aware global bond index ».
2Le Règlement européen sur les indices de référence pour les investissements alignés sur les objectifs de Paris définit les indices alignés sur l'Accord de Paris uniquement par rapport aux actifs émis par des entreprises et non par des États. Donc, stricto sensu, un indice de référence qui inclut des obligations d'État ne doit pas être qualifié d'indice aligné sur l'Accord de Paris, d'où la dénomination « indice de référence aligné sur l'Accord de Paris ».