09-06-2021 · Vision

Identifier les risques baissiers du crédit grâce aux critères ESG

Using financially material ESG information leads to better-informed investment decisions and benefits society. This is how we approach the analysis.

Les critères ESG font partie intégrante de notre processus d’investissement depuis 2010 et sont essentiels à notre méthodologie d’investissement durable dans les crédits fondamentaux. L’intégration systématique de l’ESG dans notre analyse crédit « bottom-up » nous permet d’éviter les défauts et les entreprises en difficulté, et contribue ainsi à réduire les risques baissiers de nos portefeuilles crédit. Nous sommes intimement convaincus que l’utilisation d’informations ESG de matérialité financière conduit à des décisions d’investissement plus éclairées et profite à la société.

L’ESG est l’un des cinq piliers de la notation fondamentale

Notre analyse crédit se concentre avant tout sur la capacité de l’émetteur à générer de la trésorerie, sur la qualité des flux de trésorerie et la capacité de remboursement de la dette. Nous évaluons 5 facteurs afin de parvenir à une conclusion. Cette conclusion est exprimée sous la forme d’une notation fondamentale baptisée « F Score ». Le profil ESG de l’émetteur est l’un de ces 5 facteurs.

Pour ce dernier, nous analysons chaque émetteur afin de déterminer son positionnement à l’aune des principaux critères ESG définis par notre équipe, et ce pour chaque secteur, y compris les questions relatives au réchauffement climatique, et en quoi il affecte la qualité de crédit fondamental.

Une quadruple évaluation des risques ESG

Notre évaluation des critères ESG et leurs implications sur la qualité de crédit fondamental d’un émetteur tient compte de 4 aspects, à savoir l’impact du produit ou du service fourni, l’impact sur le système de gouvernance de la société, la manière dont la société se positionne par rapport aux principaux critères ESG identifiés par nos analystes dans chaque secteur et sous-secteur, et sa stratégie de décarbonation. (Veuillez-vous reporter à l’étude de cas suivante : "European utilities on the cusp of a decade-long investment opportunity").

Schéma 1 | Le rôle de l’intégration des critères ESG dans l’analyse crédit

Schéma 1 | Le rôle de l’intégration des critères ESG dans l’analyse crédit

Source : Robeco

Impact des produits : nous sommes d’avis que les sociétés offrant des produits et services non durables (par exemple le pétrole, le tabac, les services de raffinerie, les services sur champs pétroliers, les constructeurs de véhicules à moteur à combustion, les exploitants de mines de charbon) sont exposées à des risques supplémentaires. La demande en faveur de ces produits pourrait diminuer, le durcissement des réglementations environnementales risquant de peser encore davantage sur le modèle économique d’une société et augmenter ses dépenses en matière d'investissement et de recherche & développement. Le score ODD de l’émetteur, déterminé par notre cadre ODD propriétaire basé sur les Objectifs de développement durable des Nations Unies, contribue à notre évaluation de l’impact du produit.

Gouvernance : nous nous appuyons sur diverses sources d’information afin d’évaluer la qualité du cadre de gouvernance, dont les S&P Corporate Sustainability Assessment Scores, Glass Lewis et les notations de risques de Sustainalytics.

Principaux facteurs ESG : cette étape vise à déterminer la manière dont la société est positionnée par rapport à notre liste de facteurs clés ESG au sein de chaque secteur et sous-secteur. Le processus débute par une évaluation réalisée par nos analystes qui intègre plusieurs données, dont notre recherche et les rencontres avec les équipes dirigeantes, les rapports sur le profil des entreprises établis par notre équipe de recherche en investissement durable, les notations de risque S&P Corporate Sustainability Assessment, Sustainalytics et l’historique du comportement de la société. En fonction de l’entreprise, d’autres critères peuvent être retenus. Lorsqu’une entreprise a été impliquée dans un scandale de pots-de-vin par exemple, il sera important d’examiner ce problème même si les pots-de-vin ne sont pas considérés comme un facteur clé de risque dans le secteur au sein duquel exerce l’émetteur.

Stratégie climatique : le réchauffement climatique joue un rôle déterminant dans notre processus de recherche sur le crédit. Nos analystes adoptent un processus formel qui prend en compte la philosophie du groupe de travail TFCD (« Taskforce for Climate-related Financial Disclosures ») sur les risques et les opportunités relatives au climat. La section suivante fournit plus de détails sur la manière dont ce critère est analysé.

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Evaluer la politique climat des émetteurs

La question centrale de ce dernier critère consiste à évaluer la mesure dans laquelle la stratégie de décarbonation d’une entreprise, ou l’absence d’une telle stratégie, peut avoir une incidence sur sa qualité de crédit fondamental. Cette évaluation comprend 3 étapes.

1ère étape : Identification : déterminer l’exposition aux risques et aux opportunités liés au climat. L’intensité moyenne en CO2 de Scope 3 par secteur est utilisée comme point de départ de l’évaluation de l’exposition d’une entreprise au risque climatique. Une intensité élevée en CO2, comme c’est le cas dans l’automobile, les métaux et les mines, et les matériaux de construction, indique que le secteur est sensiblement exposé au risque climatique. Cela peut s’expliquer notamment par des engagements significatifs nécessaires en matière de dépenses d'investissement pour améliorer leurs profils d’émissions. S’agissant des secteurs à faible émission, à l’image des supermarchés, le risque climatique est sensiblement inférieur. Notre approche globale consiste à évaluer l’exposition aux risques physiques et de transition liée au climat ainsi qu’aux opportunités.

2ème étape : Analyse : quelle réponse adopte l’entreprise ? Nous tenons compte d’aspects tels que la stratégie climatique d’une entreprise, ses objectifs de réduction des GES, ses dépenses d'investissement, ses efforts de recherche & développement et la prise en compte de ces facteurs dans son cadre de gouvernance. Des données importantes peuvent également être obtenues au travers des études & classements des entreprises en lien avec la trajectoire vers les objectifs de l’Accord de Paris. Parmi ces études figurent celle des initiatives Science Based Target Initiatives (SBTI) et Transition Pathway Initiative (TPI).

3ème étape : Quantification : en tirer une conclusion de l’impact sur les fondamentaux de l’entreprise, dont les dépenses d'investissement, les marges, les valorisations des actifs et les flux de trésorerie. Les points critiques étant de savoir si les politiques de l’émetteur sont suffisantes et s’il a la capacité de financer la transition et les plans d’investissement y afférents.

Une approche similaire en trois étapes est appliquée aux autres critères ESG.

Les risques ESG ont une matérialité financière significative sur nos opinions fondamentales dans 24 % des cas

En analysant et en investissant dans les obligations d’entreprises, la priorité est donnée à la détection du risque baissier du crédit. Cela a du sens dans la mesure où le risque est asymétrique pour les investisseurs dans le crédit. À titre d’exemple, un bon système de gestion des risques au sein d’une banque ne donne pas lieu à une forte amélioration de sa qualité de crédit alors qu’un système défaillant peut entraîner son effondrement total. Dans un nombre de cas limités, nous trouvons des entreprises dont les critères ESG contribuent positivement à l’opinion fondamentale. Ceci s’explique souvent par le critère d’impact des produits, comme dans les cas où le produit apporte une solution d’amélioration environnementale.

Nous filtrons rigoureusement tous les profils d’entreprises créés par nos analystes crédit et nous analysons la manière dont les critères ESG ont un impact de matérialité financière sur ces profils. D’après nos derniers chiffres, les informations ESG revêtent une importance financière dans environ 24 % des profils d’entreprise analysés. Dans la plupart des cas, l’impact est négatif dans la mesure où il pèse négativement sur notre analyse fondamentale de la société.