Accélération de la dynamique
Le secteur de l’énergie est entré dans une phase palpitante de la transition, car les économies évoluent vers la neutralité carbone. Une convergence de tendances structurelles favorables incite Roman Boner, gérant de portefeuille de la stratégie RobecoSAM Smart Energy, à envisager la prochaine décennie avec une exubérance rationnelle.
La COP26 a permis aux dirigeants mondiaux, aux conglomérats d’entreprises et aux institutions financières de se réunir à nouveau et de renouveler leur engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique par la décarbonation de leurs économies, de leurs activités et de leurs portefeuilles. Même si Roman reconnaît qu’il existe toujours un décalage entre la politique et la réalité, il pense que cet engagement envoie un signal fort aux acteurs du marché quant à la poursuite des efforts de décarbonation. Selon lui, « c’est la direction fixée par la COP26 qui importe, et non l’évaluation des déclarations ou des résultats spécifiques. » Les efforts importants déjà réalisés en matière de politique et de financement, notamment le Pacte vert de l’UE, l’adoption d’un programme d’investissement de 1 000 milliards de dollars dans les infrastructures aux États-Unis et les mesures drastiques de réduction des émissions en Chine, corroborent son analyse.
Roman souligne que les changements de politique, en particulier la réduction des crédits carbone prévue par le Pacte vert et l’abandon du charbon, affectent fortement les marchés. Selon lui, « nous voyons déjà leur impact concret avec la hausse des prix de l’énergie et de l’électricité dans l’ensemble de l’Europe. » La Chine aussi a connu une crise énergétique qui a contribué aux pénuries de l’offre mondiale. La situation vécue par la Chine et par l’Europe prouve que les réserves d’énergie renouvelable sont insuffisantes et doivent augmenter considérablement : il explique que « selon l’AIE, les gigawatts de capacités installées pour la production d’énergie renouvelable doivent augmenter de façon exponentielle pour atteindre les objectifs « zéro émission nette » ».
La prochaine décennie
Roman met en garde les régulateurs et les actionnaires qui sont sur le qui-vive. « Personne ne veut être la lanterne rouge du secteur. Les PDG ont intégré la durabilité dans leurs ICP et cherchent à réduire les émissions d’une manière efficace qui garantit le plus haut rendement. » Selon lui, on peut le faire sans problème durant la prochaine décennie en remplaçant les flottes de véhicules de transport par des véhicules électriques et les chaudières à charbon et à gaz des usines et des bâtiments par des pompes à chaleur électriques. De plus, l’utilisation de meilleurs matériaux d’isolation et l’installation de panneaux solaires de toiture sont également des solutions accessibles et abordables qui permettent aux entreprises de réduire leur empreinte carbone.
Roman est convaincu que l’application de telles mesures durant la prochaine décennie accélérera la transition énergétique et créera de formidables opportunités pour les chaînes d’approvisionnement qui soutiennent les technologies propres et écoénergétiques.

Roman Boner
Sr. Portfolio Manager
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Nous investissons dans des entreprises fournissant les technologies qui permettent à ces sociétés de réaliser facilement la transition énergétique. Nous ne voulons pas être exposés aux actifs bloqués ou aux activités traditionnelles.
Une conception unique
Selon Roman, la conception et la structure de la stratégie RobecoSAM Smart Energy sont intéressantes et axées sur l’avenir. « Nous n’investissons pas directement dans le secteur de l’énergie par le biais d’investissements dans des producteurs d’énergie nucléaire, des sociétés gazières, des sociétés de services aux collectivités ou des producteurs d’énergies fossiles qui veulent être plus propres. Nous investissons dans des entreprises fournissant les technologies qui permettent à ces sociétés de réaliser facilement la transition énergétique. Nous ne voulons pas être exposés aux actifs bloqués ou aux activités traditionnelles. » Pour expliquer la faible exposition de la stratégie aux sociétés traditionnelles de services aux collectivités et aux producteurs d’énergie renouvelable, il indique que « ces valeurs sont souvent banalisées avec de plus faibles barrières à l’entrée ainsi que des marges et des valorisations plus basses. »
Nous investissons dans des entreprises fournissant les technologies qui permettent à ces sociétés de réaliser facilement la transition énergétique. Nous ne voulons pas être exposés aux actifs bloqués ou aux activités traditionnelles.
La forte orientation de la stratégie sur les technologies de l’information lui permet d’obtenir des rendements tant sur les marchés baissiers que haussiers. « Nous nous concentrons vraiment sur les technologies disruptives – le catalyseur technologique – et nous nous plaçons dans cette optique technologique spécifique pour évaluer les titres dans l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique, de la production au transport et à la consommation. Nous investissons moins dans les exploitants d’infrastructures et plus dans les entreprises qui vendent des technologies de réseau intelligent – les commutateurs, compteurs, capteurs, actionneurs et convertisseurs qui fournissent « l’intelligence ». Ces modèles économiques ont des barrières élevées à l’entrée et obtiennent de bons rendements. »
La stratégie bénéficie d’une large avance en matière de transition, en investissant dans des valeurs qui profitent d’un avantage de premier entrant. Malgré tout, il explique qu’il évite les technologies à un stade précoce qui peuvent facilement échouer en raison d’hypothèses erronées. « Nous nous focalisons sur des sociétés technologiques qui gagnent déjà autant que leur coût du capital et exploitent la croissance qui accompagne l’électrification et la transition énergétique. »
Outre les valeurs technologiques, la stratégie investit également dans des sociétés industrielles qui fournissent des équipements pour les solutions propres et écoénergétiques, et dans certains producteurs d’énergie renouvelable et fournisseurs de services aux collectivités qui présentent une croissance constante et des flux de trésorerie stables.
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Coûts des technologies en baisse et évolutivité croissante
Selon Roman Boner, le marché de l’énergie est paré pour une forte croissance grâce aux progrès technologiques qui ont tiré les coûts vers le bas et rendu possible la production de masse. « Des véhicules électriques aux panneaux solaires, des pompes à chaleurs aux éoliennes, les technologies propres progressent sur la courbe en S, les start-ups innovantes aux coûts élevés devenant de véritables entreprises évolutives. » D’un point de vue purement économique, les coûts des technologies d’énergie renouvelable sont déjà plus faibles (et continuent de baisser) dans beaucoup de régions par rapport aux alternatives basées sur les énergies fossiles (voir graphique 1).
Graphique 1 Bon marché, propre et durable — l’énergie renouvelable répond à tous les critères

Voir note de bas de page1
Source : Robeco, Bloomberg
Roman Boner explique que l’inflation et la perspective d’une hausse des taux d’intérêt, bien que préoccupantes, n’ont pas freiné son enthousiasme concernant la prochaine décennie. « La hausse de l’inflation et des taux d’intérêt entraîne l’augmentation des coûts pour tous les producteurs d’énergie, y compris les producteurs d’énergies fossiles, donc vous avez tout intérêt à accélérer la transition vers des solutions plus propres. » Cependant, les hausses de taux tendent à affecter très fortement les titres « Growth ». Ainsi, il admet que la gestion du portefeuille Smart Energy, hautement technologique et axé sur la croissance, ne sera pas de tout repos en 2022.
Malgré les défis à venir, il souligne que la stratégie mise sur le long terme et est structurée pour anticiper les fluctuations et les ralentissements du cycle économique ou d’autres événements perturbateurs. « Nous ne privilégions pas les nouvelles technologies qui semblent formidables et novatrices, mais qui finissent par disparaître quand le capital est épuisé ou quand des chocs perturbant l’exécution de leur modèle économique surviennent. »
Roman est convaincu que ces difficultés temporaires ne réussiront pas à stopper les tendances fortes qui traversent l’économie mondiale. « L’énergie a atteint un point d’inflexion indiquant une croissance rapide. Il y a encore dix ans, les nouvelles technologies énergétiques étaient soutenues par des subventions. Aujourd’hui, nous avons uniquement besoin de subventions pour accélérer le changement. Les perspectives à moyen terme n’ont jamais été aussi positives. »

Roman Boner
Sr. Portfolio Manager
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Malgré les obstacles à court terme, l’énergie a atteint un point d’inflexion indiquant une croissance rapide.
De grandes attentes
Depuis qu’il a pris les commandes en août 2021, Roman a assisté à un « retournement » du marché par rapport à ses précédents points hauts. Mais, comme il l’explique, son expérience de près de deux décennies en matière de gestion d’actions mondiales sur les marchés haussiers et baissiers (y compris durant l’effondrement des technologies propres juste après la crise financière) l’a préparé pour une telle situation. Cette expérience couvre aussi bien la gestion de fonds d’actions thématiques internationaux axés sur le climat qu’une stratégie plurithématique axée sur l’innovation durable. Il précise : « Je me concentrais sur l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et l’utilisation efficace des ressources, la mobilité et le transport, donc j’ai évidemment trouvé beaucoup de points communs concernant les idées d’investissement et les composantes de l’univers d’investissement lorsque j’ai repris la gestion de la stratégie. »
D’autre part, pour constituer son équipe, Roman a choisi des analystes spécialistes des technologies et des secteurs qui complètent son analyse plus globale du changement climatique et des marchés mondiaux de l’énergie. Grâce à des décennies d’expertise en matière d’investissement et d’analyse technique, la stratégie est parée pour traverser avec succès les périodes de volatilité et les courants rapides qui secouent et accélèrent la révolution énergétique.
Footnote
1 Le LCOE (coût moyen actualisé de l’énergie) correspond au rapport entre coût total sur la durée de vie et coût de la production d’énergie sur la durée de vie, actualisé sur une année donnée avec un taux qui traduit le coût moyen du capital.