08-12-2022 · Perspectives mensuelles

Des opportunités croissantes offertes aux investisseurs dans la transition vers la neutralité carbone

La COP27 devrait accélérer les investissements dans les classes d'actifs qui contribuent à la transition climatique, affirme l'investisseur multi-actifs Aliki Rouffiac.

Des opportunités croissantes offertes aux investisseurs dans la transition vers la neutralité carbone

Le sommet annuel sur le climat qui a eu lieu en Égypte en novembre a produit des résultats mitigés dans le cadre des efforts internationaux destinés à atteindre l'objectif clé de l'Accord de Paris consistant à limiter le réchauffement planétaire bien en deçà de 2 °C au-dessus des niveaux pré-industriels. Le verdict a comme souvent été contrasté.

Toutefois, des victoires importantes ont été remportées, particulièrement dans le financement futur des marchés émergents avec la création d'un fonds dédié aux pertes et aux dommages. Une part croissante de participants a également reconnu qu'une adoption plus rapide des technologies des énergies renouvelables était nécessaire pour favoriser les réductions futures des émissions.

Selon Aliki Rouffiac, cela est de bon augure, d'une part, pour l'investissement dans les fonds d'actions sur le thème du climat qui peuvent offrir des performances allant jusqu'à 2 chiffres et d'autre part, pour les obligations vertes sur mesure dont les produits sont utilisés pour financer directement les projets liés au climat.

« Freiner le réchauffement climatique par la réduction des émissions de carbone nécessitera une coordination à l'échelle mondiale », souligne Aliki Rouffiac, gérant de portefeuille de Robeco Sustainable Multi-Asset Solutions.

Les choix politiques et les investissements dans les nouvelles technologies conjointement à l'évolution du comportement des entreprises et des consommateurs créent des opportunités pour les investisseurs de participer à cette transition.

Crise énergétique

La récente crise énergétique a accéléré les engagements en faveur de la production d'électricité renouvelable et des technologies d'énergies renouvelables, dont le coût est de plus en plus compétitif. D'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), il est estimé que la taille du marché des technologies propres progressera à 870 milliards de dollars d'ici 2030 dans le scénario « zéro émission nette ».

La croissance de l'énergie éolienne et solaire devrait s'élever en moyenne à plus de 10 % par an sur la prochaine décennie tandis que la taille du marché des batteries devrait croître à un rythme annualisé de 33 %. Au niveau géographique, l'Amérique du Nord et la région d'Asie-Pacifique font la course en tête, mais les récents événements géopolitiques en Europe ont réorienté la priorité sur un développement plus rapide des technologies vertes également dans cette région.

Depuis la signature de l'Accord de Paris en 2015, qui a coïncidé avec le lancement des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, les investisseurs dont Robeco ont proposé des produits capables d'exploiter les énergies renouvelables, leurs technologies et les ODD eux-mêmes. L'Initiative Net Zero Carbon et les alliances entre investisseurs dans ce domaine lancées en 2020 ont accéléré encore davantage cette évolution.

L'essor des fonds

La décarbonation est devenue depuis le thème principal par le biais duquel de nombreuses stratégies d'investissement ciblent particulièrement l'objectif de neutralité carbone en utilisant des indices alignés sur l'Accord de Paris pour mesurer leur succès. La plupart des stratégies d'investissement durables à l'échelle mondiale comportent désormais une sorte d'engagement sous forme de norme en faveur de l'objectif « zéro émission nette ».

« Les afflux de capitaux vers les fonds dont le mandat est lié au climat ont fortement augmenté pour atteindre 408 milliards de dollars à la fin 2021 d'après Morningstar, avec environ la moitié des encours investis dans les solutions climatiques et les fonds d'énergies/de technologies propres, » indique Aliki Rouffiac.

Ces solutions et ces fonds offrent une exposition accrue aux entreprises qui développent des solutions contribuant à réduire les émissions de carbone ou qui investissent directement dans le secteur des énergies renouvelables à l'image de l'énergie éolienne et solaire, le stockage d'énergie (batteries) et les technologies des véhicules électriques.

Performance sur le long terme

Ces thèmes ont affiché de belles performances sur le long terme, avec des rendements annualisés sur 10 ans à fin novembre variant de 10 à 16 %, contre 10 % pour l'indice des actions mondiales.

Les multiples de valorisation plus élevés de certains segments des énergies renouvelables pourraient préoccuper les investisseurs sur le court terme, mais leur croissance prévisionnelle structurelle devrait être soutenue par des facteurs réglementaires et la nécessité d'un écosystème de l'offre énergétique plus diversifié.

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L'essor inexorable des fonds d'investissement ciblant les solutions climatiques. Source : Morningstar, décembre 2021

Cibler la dette durable

Le marché de la dette durable offre une opportunité d'investissement particulièrement intéressante par le biais d'obligations vertes qui visent des projets environnementaux pouvant souvent avoir un impact direct sur le terrain.

« Malgré un environnement de marché difficile, le marché de la dette durable a progressé à 4 500 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre, les marchés émergents et frontières représentant 624 milliards de dollars d'après le dernier rapport intitulé « Sustainable Debt Monitor » de l'Institute of International Finance (IIF) », indique Aliki Rouffiac.

Les obligations vertes qui financent des projets à impact environnemental positif représentent 1 600 milliards de dollars, soit environ 0,5 % du total de l'univers obligataire mondial.

Un appétit croissant

Bien que la composition du marché des obligations vertes privilégie les émetteurs européens et une plus forte exposition aux obligations d'entreprise par rapport à l'indice traditionnel Global Aggregate Fixed Income, une récente enquête réalisée par la Banque mondiale fait état d'un appétit croissant pour les émissions d'obligations vertes souveraines par les marchés émergents qui cherchent à financer leur action climatique.

Les principaux obstacles ont été le manque de cadres réglementaires et d'une meilleure compréhension de la structure de marché, de la demande et de la valorisation. D'autre part, les questions de liquidité, la comparaison des courbes des taux et les bonnes pratiques sont en tête des préoccupations des investisseurs qui envisagent de mobiliser des capitaux privés pour financer la transition au sein des économies moins développées.

Réduire l'écart

Pour finir, il sera essentiel de perpétuer cette mobilisation face au réchauffement climatique dans la mesure où les hausses de températures sont actuellement supérieure à la fourchette haute de 2 degrés Celsius d'ici 2100.

« La COP27 a souligné que l'action politique est essentielle pour trouver l'équilibre entre ambition climatique et mise en œuvre », affirme Aliki Rouffiac. Sur le long terme, parvenir à la sécurité énergétique signifie d'investir davantage dans les technologies vertes et les solutions climatiques afin de réduire l'écart entre ambition et mise en œuvre.

Davantage d'énergies renouvelables compétitives en termes de coût et un marché croissant des obligations vertes devraient offrir aux investisseurs des opportunités dans le cadre de la transition vers la neutralité carbone. Il est essentiel pour les investisseurs qui évaluent leurs allocations au secteur de trouver le bon équilibre entre intégration climatique, liquidité et profil risque-rendement.

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