03-02-2021 · Vision

Une opportunité d’investissement de dix ans pour le secteur énergétique européen

Le secteur européen des « utilities » a la possibilité inédite de lutter contre le réchauffement climatique et de continuer à mener la transition énergétique mondiale. Nous sommes optimistes concernant la qualité de crédit du secteur.

Une opportunité d’investissement de dix ans pour le secteur énergétique européen

Le secteur des « utilities » est en pole position pour relever le défi mondial de fournir une énergie fiable, bas carbone et bon marché à une population croissante, et de lutter contre le réchauffement climatique en décarbonant ses capacités de production. Ce secteur est également bien placé pour tirer parti de l’évolution des technologies renouvelables et de la baisse rapide, ces dernières années, du coût actualisé de l’énergie dans le solaire et l’éolien.

En 2019, les importants flux de capitaux financiers, les politiques progressistes et les avancées technologiques ont permis d’effectuer des progrès sur le plan environnemental, en particulier en Europe1. Aux quatre coins de la planète, il reste cependant beaucoup à faire pour lutter contre le réchauffement climatique.


Début 2021, les bilans des entreprises du secteur sont bons, la liquidité suffisante, les notes de crédit stables et les résultats en hausse.

L’adoption du pacte vert pour l’Europe (en 2019) et du plan cible en matière de climat à l’horizon 2030 (en 2020) constitue une étape majeure dans les objectifs climatiques de l’UE. La crise du Covid-19 accélère même ce mouvement, puisque les efforts de décarbonation soutiendront la reprise économique. D’ici à l’été 2021, la Commission européenne doit réviser l’ensemble de la législation climatique et énergétique de l’UE afin de se conformer au nouveau plan.

Figure 1 | Classement des industries selon leur intensité carbone

Figure 1 | Classement des industries selon leur intensité carbone

Source : Trucost; Bloomberg; Robeco’s analysis

Sur la base d’une étude de 424 entreprises européennes issues de onze secteurs, Robeco analyse que le secteur européen des « utilities » représente 32 % des emissions industrielles de catégorie 1, ce qui en fait le deuxième plus grand émetteur (en émissions par rapport au capital). Il émet en effet 1 kg de gaz à effet de serre pour chaque euro de chiffre d’affaires et pour 1,60 euro de valeur d’entreprise. Les fournisseurs d’énergie européens peuvent-ils contribuer à la réduction des émissions, à l’augmentation des revenus et de la rentabilité, et à l’amélioration des valorisations dans la décennie à venir, tout en continuant de mener la transition énergétique mondiale et sans céder du terrain aux Big Oil ?

Figure 2 | Émissions de l’UE en perspective

Figure 2 | Émissions de l’UE en perspective

Source : Le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, novembre 2020. Agence internationale de l’énergie, World Energy Model Documentation, octobre 2020. Note : *Projection 2030 basée sur le World Energy Model (WEM) d’octobre 2020 et son principal scénario, le Stated Policies Scenario (STEPS), qui tient compte des politiques et des mesures de mise en œuvre adoptées à la mi-2020 et qui affectent les marchés de l’énergie.

Suite aux politiques adoptées à compter de mi-2020, l’Agence internationale de l’énergie estime que l’UE-27 devrait voir ses émissions réduire de 30 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et sa contribution mondiale diminuer de plus de la moitié pour atteindre 5,7 %. L’objectif de décarbonation récemment annoncé par l’UE est ambitieux et vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il s’agit d’un changement important par rapport à l’objectif précédent (d’« au moins 40 % »).

Une trajectoire de décarbonation qui s’annonce difficile

Pour atteindre cet objectif, l’UE utilisera divers leviers et outils : augmenter la production d’énergies renouvelables, promouvoir l’efficacité énergétique ou encore soutenir et étendre la tarification du carbone. Cette nouvelle proposition est conforme à l’accord de Paris, dont l’objectif est de maintenir l’augmentation de la température mondiale à moins de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. La trajectoire de décarbonation sera nettement plus difficile pour le segment de l’électricité, principalement représenté par les fournisseurs de services aux collectivités.

Figure 3 | La trajectoire de réduction des émissions dans les différents secteurs

Figure 3 | La trajectoire de réduction des émissions dans les différents secteurs

Source : Commission européenne, « Accroître les ambitions de l’Europe en matière de climat pour 2030 », septembre 2020 ; annotations de Robeco

Les perspectives 2021 pour les services aux collectivités sont bonnes

Le secteur européen des services aux collectivités s’est relativement bien porté en 2020, la baisse de la demande d’énergie enregistrée au printemps ayant été en partie rattrapée depuis. Début 2021, les bilans des entreprises du secteur sont bons, la liquidité suffisante, les notes de crédit stables et les résultats en hausse. C’est particulièrement vrai pour les sociétés dont les énergies renouvelables et les réseaux représentent une part importante de leur activité, et qui bénéficient de bonnes opportunités d’investissement pour 2021-2023.

Crédits dans le secteur énergétique : nos critères de sélection

Nous sommes optimistes à l’égard des sociétés qui améliorent la qualité de leurs actifs et réduisent leur structure de coût, tout en cherchant activement et efficacement à se diversifier, c’est-à-dire non seulement à délaisser la production d’électricité d’origine fossile et nucléaire au profit de sources renouvelables (éolien et solaire), mais aussi à investir dans les réseaux et les politiques d’efficacité énergétique du côté de l’offre, à publier un bilan de leurs émissions de catégories 1, 2 et 3 ainsi que des objectifs de réduction crédibles, et à se diversifier géographiquement vers les marchés émergents.

Nous considérons que la qualité du crédit dans le secteur est bonne. Les grands fournisseurs d’énergie ont augmenté leurs programmes d’investissements afin de donner la priorité aux renouvelables et aux réseaux, car les prévisions en matière de levier (dette nette/EBITDA) sont jugées gérables.

Concernant plus spécifiquement les contributions aux ODD, nous privilégions les émetteurs dont les activités soutiennent l’ODD 7 (énergie propre et d’un coût abordable) et l’ODD 13 (action climatique), en basant notre sélection sur certains ICP positifs et négatifs : ratio renouvelable/fossile dans le mix énergétique, ventes aux marchés émergents, plans de développement dans le nucléaire/charbon et intensité carbone des opérations. Nous sommes convaincus que les sociétés qui présentent ces caractéristiques positives enregistrent des performances financières plus fiables et plus stables à long terme.

L’équipe Actionnariat actif de Robeco cherche à dialoguer avec les fournisseurs d’énergie afin de bien comprendre leurs stratégies climatiques et leurs trajectoires de décarbonation d’ici 2030, et de s’assurer qu’ils ont conscience que les considérations climatiques affecteront la valorisation de leur titre, la performance de leurs obligations et leurs notes de crédit dans les dix prochaines années.

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Note de bas de page

1En 2019, la baisse des émissions annuelles de GES a été la plus importante dans l’UE 27 + Royaume-Uni (-3,8 %), suivis de la Corée du Sud (-3,2 %), des États-Unis (-2,6 %), du Japon (-2,1 %) et de la Russie (-0,8 %), tandis qu’elles ont augmenté en Inde (+1,6 %), en Chine (+3,4 %) et en Iran (+3,4 %). Ces sept pays représentent plus de 70 % des émissions de GES mondiales. Source : Le rapport 2020 du Joint Research Centre de l’UE.