17-05-2022 · Vision

Indices insights : l’intégration de la durabilité a-t-elle une incidence sur les primes factorielles ?

Dans cet article « Indices insights », nous analysons l’impact de l’intégration de la durabilité sur les primes factorielles. Nous démontrons que les primes factorielles de valorisation, de momentum, de qualité et de faible risque restent globalement inchangées après l’intégration des ODD ou la réduction de l’empreinte carbone.

    Auteurs

  • Jan Anton van Zanten - SDG Strategist

    Jan Anton van Zanten

    SDG Strategist

  • Simon Lansdorp - PhD, Portfolio Manager Sustainable Index Solutions

    Simon Lansdorp

    PhD, Portfolio Manager Sustainable Index Solutions

  • Joop Huij - Responsable de la recherche indicielle

    Joop Huij

    Responsable de la recherche indicielle

L’investissement factoriel implique l’exploitation de primes factorielles avérées par la recherche académique, telles que la valorisation, le momentum, la qualité et le faible risque. Pour engranger les primes à long terme associées à ce style d’investissement, il faut une exposition suffisante à ces facteurs. Étant donné que les investisseurs prennent de plus en plus en compte les questions de durabilité, il est essentiel de savoir si l’intégration des aspects liés à la durabilité interfère avec les biais factoriels d’un portefeuille, résultant ainsi dans une performance réduite.

Dans les deux articles « Indices insights » précédents,1 nous avons d’abord analysé l’impact de l’intégration de la durabilité sur une approche d’investissement passive et pondérée par la capitalisation boursière, puis son impact sur les opportunités qui s’offrent à un investisseur actif. Nous avons démontré que, même après avoir déterminé l’univers d’investissement sur la base de certains critères de durabilité, un investisseur passif peut encore profiter d’un rapport risque-rendement similaire à celui du marché, et que la distribution des caractéristiques des titres ne change pas de manière significative pour un investisseur actif. Dans cet article, nous examinerons la manière dont ces critères de durabilité influent sur les primes factorielles attendues.

Les primes factorielles restent globalement inchangées après l’intégration des ODD ou la réduction de l’empreinte carbone

Dans notre évaluation, nous avons étudié les effets de l’intégration des ODD ou de la réduction de l’empreinte carbone sur les primes factorielles de valorisation, de momentum, de qualité et de faible risque, d’un point de vue historique. À cette fin, nous avons simulé des portefeuilles factoriels pour différents univers d’investissement. Ainsi, nous avons construit des portefeuilles long-short de valorisation, de momentum et de qualité, ainsi qu’un portefeuille long-only de faible risque basé sur les segments des grandes et moyennes capitalisations.

Ensuite, nous avons construit des portefeuilles factoriels similaires en utilisant un univers d’investissement qui exclut les sociétés contribuant de manière négative aux ODD (déterminées par le cadre ODD exclusif de Robeco) ou les sociétés appartenant à des sous-secteurs qui présentent les plus grandes empreintes carbone. Nous avons alors comparé la performance des portefeuilles factoriels construits pour l’univers entier, sans contrainte, à celle des portefeuilles construits pour les univers durables (qui appliquent les critères de sélection ODD ou carbone).

Comme le montre le Graphique 1, nous avons constaté que l’exclusion des titres ayant des scores ODD négatifs ou des empreintes carbone élevées n’a pas d’impact significatif sur la performance à long terme des portefeuilles de valorisation, de momentum, de qualité et de faible risque. Dans l’ensemble, les primes factorielles étaient globalement similaires

Graphique 1 | Les primes factorielles sont globalement identiques après l’application des critères de sélection ODD ou carbone

Graphique 1 | Les primes factorielles sont globalement identiques après l’application des critères de sélection ODD ou carbone

Source : Robeco, FactSet. Primes factorielles globales sur la période 1986 – 2021.

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Par exemple, la prime de valorisation moyenne pour l’univers entier s’élevait à 1,9 % par an sur la période étudiée. Elle était similaire à la prime pour l’univers aligné sur les ODD, ce qui a également abouti à une prime de valorisation moyenne annualisée de 1,9 %. Parallèlement, pour l’univers bas carbone, la prime de valorisation moyenne était légèrement inférieure, à 1,5 % sur une base annuelle. Concernant le facteur de momentum, l’univers bas carbone présentait une prime moyenne supérieure par rapport à l’univers entier, mais légèrement inférieure pour l’univers aligné sur les ODD. Il est intéressant de noter que la prime de qualité moyenne était supérieure dans les deux univers durables par rapport à l’univers entier. Concernant le facteur de faible risque, la prime moyenne était pratiquement identique pour les trois univers.

Données et méthodologie

Pour notre analyse, nous avons utilisé les performances mensuelles en dollars américains des composantes de l’indice FTSE World Developed avant janvier 2001 et des composantes de l’indice MSCI World après cette date. La période étudiée complète s’étendait de janvier 1986 à décembre 2021. Pour chaque mois, nous avons construit des portefeuilles pondérés par la capitalisation boursière, basés sur les facteurs de valorisation, de momentum, de qualité et de faible risque, pour trois univers différents : l’univers entier (sans contrainte) et deux univers durables (en utilisant les critères ODD ou carbone pour sélectionner les titres).

Le cadre ODD exclusif de Robeco est utilisé pour attribuer des scores ODD aux entreprises. Ce cadre offre une approche claire, cohérente et reproductible pour mesurer les contributions des entreprises à la réalisation des 17 ODD. Pour créer des substituts historiques de ces scores ODD, nous avons attribué aux entreprises des scores ODD en fonction de leurs sous-secteurs. Par conséquent, notre méthode a conduit à une évaluation sous-sectorielle de base portant sur les biens produits et/ou les services fournis par une société, et sur la manière dont ils contribuent aux ODD.

Les sous-secteurs ayant un impact positif peuvent obtenir un score ODD allant de +1 à +3 (faiblement positif à hautement positif), selon l’importance et la qualité de leurs contributions. Par exemple, les contributions positives peuvent être liées aux soins de santé, à la médecine et à l’eau. De la même façon, les sous-secteurs ayant un impact négatif obtiennent un score ODD allant de -1 à -3 (faiblement négatif à hautement négatif), selon la gravité de leur impact négatif.

Par exemple, les contributions négatives peuvent être liées aux jeux d’argent, à la restauration rapide et au gaz de schiste. Dans notre analyse, nous sommes partis du principe que les scores ODD sont fixes sur la période étudiée complète. Pour l’univers aligné sur les ODD, nous avons exclu toutes les sociétés ayant des scores ODD négatifs, ce qui s’est traduit par une réduction de 20 % à 25 % par rapport à la capitalisation boursière totale et au nombre de titres sur la période étudiée complète.

De la même façon, nous avons d’abord classé tous les sous-secteurs en fonction de leur empreinte carbone basée sur les émissions de Scope 1 et 2 à la fin de la période étudiée. Ensuite, nous avons exclu les sociétés appartenant aux sous-secteurs qui présentent les plus grandes empreintes carbone lorsque nous avons construit l’univers bas carbone. Nous sommes partis du principe que les sous-secteurs très émetteurs de carbone actuels étaient aussi historiquement des sous-secteurs très émetteurs de carbone. Le critère de sélection carbone a conduit à une réduction d’environ 20 % de la capitalisation boursière totale et du nombre de titres au fil du temps, ainsi qu’à une réduction de plus de 50 % de l’empreinte carbone à la fin de la période étudiée.2

Au sein de ces trois univers, nous avons construit 5 portefeuilles liés à 5 facteurs, triés par capitalisation boursière et ratio cours/valeur comptable (valorisation) ; par capitalisation boursière et performance sur les 12 derniers mois moins 1 mois (momentum) ; par capitalisation boursière et ratio profits bruts/actifs (qualité) et par capitalisation boursière et bêta sur les 36 derniers mois (faible risque). Pour maîtriser l’effet taille, nous avons pris la moyenne des différents quintiles classés par capitalisation boursière, obtenant ainsi cinq portefeuilles size-neutral pour chacun des quatre facteurs.

Nous avons construit un portefeuille factoriel de valorisation long-short en prenant une position longue sur les titres affichant un ratio cours/valeur comptable élevé et une position courte sur ceux affichant un ratio faible ; un portefeuille factoriel de momentum long-short en prenant une position longue sur les récents gagnants et une position courte sur les récents perdants ; un portefeuille factoriel de qualité long-short en prenant une position longue sur les titres à haute rentabilité et une position courte sur ceux ayant une faible rentabilité. En utilisant ces portefeuilles long-short, nous avons estimé les primes factorielles historiques en calculant la performance annualisée moyenne.

Pour ce qui est de la prime liée au facteur de faible risque, nous avons adopté une approche un peu différente en ne prenant en compte que le segment long composé de titres à faible bêta. Ensuite, nous avons déterminé l’alpha de Jensen par rapport à la performance pondérée de la capitalisation boursière de tous les titres au sein de l’univers entier sans contrainte.

Conclusion

Compte tenu de nos résultats, notre conclusion est que les primes factorielles attendues à long terme restent globalement identiques après l’intégration de la durabilité (par le biais des critères de sélection ODD ou carbone). C’est pourquoi nous pensons que les stratégies mono-factorielles ou multi-factorielles qui intègrent les questions de durabilité (telles que l’intégration des ODD et/ou la réduction de l’empreinte carbone) sont des propositions intéressantes pour les investisseurs qui veulent réaliser des performances supérieures au marché tout en adoptant une approche durable.

Notes de bas de page

1 Équipe Sustainable Index Solutions, mars 2022, « Can passive investors integrate sustainability without sacrificing returns or diversification? », article de Robeco.
2 Mesuré par TruCost, émissions de Scope 1 et 2 divisées par l’EVIC.

Background to sustainability metrics

In defining sustainability, investors have a multitude of dimensions and metrics they could consider. For example:

  • Values-based exclusions

  • ESG integration

  • Impact investing

ESG scores typically put more focus on the operations of a business, whereas SDG scores also incorporate the impact that the business’ products and/or services have on society.

We see client sustainability objectives increasingly moving towards avoiding controversial businesses (values-based exclusions) and including those that provide sustainable solutions (impact investing). In the first few articles of our Indices Insights series, we will empirically show how the different sustainability metrics (negative screening/exclusions, ESG, SDG) relate to these increasingly impact-oriented client sustainability objectives.